Accompagner les comportements de repli pour une meilleure estime de soi
Les éducatrices et éducateurs jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des jeunes en souffrance. Un certain nombre d’entre eux développent des comportements de repli qui peuvent devenir inquiétants lorsqu’ils impactent l’estime de soi, la socialisation, la motivation ou encore la santé des jeunes. Comprendre les raisons sous-jacentes de ces comportements et établir un cadre équilibré dans l’accompagnement du vécu est essentiel pour les aider à trouver leurs repères.
Comprendre, dialoguer et encadrer
Les enfants et les adolescent·e·s se réfugient parfois dans des comportements addictifs (consommation de cannabis et utilisation enfermante des écrans) pour échapper aux problèmes personnels, familiaux, scolaires, sociaux. Les éducateur·ice·s cherchent à établir un cadre équilibré et rassurant ainsi que des stratégies d’accompagnement pour guider les jeunes en quête de repères.
Le dialogue est dans tous les cas privilégié à la sanction: plutôt que sanctionner, nous cherchons à comprendre et à mettre les jeunes en relation avec un thérapeute si nécessaire. Il est essentiel de savoir ce dont l’adolescent·e a besoin et d’ouvrir le dialogue, même si c’est compliqué. Ils ou elles sont souvent conscient·e·s du problème, mais le produit les rattrape vite. Nous travaillons individuellement sur la consommation des jeunes et son impact sur leur vie et leurs projets. Notre objectif est de maintenir le dialogue, de relier leur consommation à leur histoire personnelle. Nous visons d’abord une diminution et collaborons avec des psychologues pour le cannabis et les éventuelles angoisses. Tout est lié.
Accompagner et maintenir les liens
Les traumas peuvent aussi mener certains jeunes à s’enfermer devant leurs écrans, qu’il s’agisse des réseaux sociaux ou des jeux vidéo.
«Une jeune fille, souffrant de grands manques affectifs, descendait en pleurant parce qu’on lui avait volé des éléments de son jeu. Elle se mettait dans des états de colère, comme si sa vie en dépendait. Nous avons fait appel à des associations spécialisées pour qu’elle prenne conscience de l’impact de sa relation au jeu sur sa vie».
«Nous devons gérer ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Des conflits se déplacent des murs du foyer aux écrans. Nous réexpliquons les notions de respect et de non-violence, en insistant sur le fait que la communication en ligne doit être aussi respectueuse qu’en face à face».
Nos actions se déploient également auprès des parents qui nous questionnent et qui s’inquiètent des effets d’une exposition trop importante de leurs enfants aux écrans: «Nous voulons renforcer leurs compétences et leur apprendre à poser un cadre. Avec un tapis de jeu, nous leur faisons prendre conscience du nombre d’appareils (tablettes, smartphones, ordinateurs) présents chez eux. Nous les accompagnons à se poser la question du rôle du téléphone portable auprès de leur enfant: s’il est utilisé systématiquement pour distraire ou occuper l’enfant, qu’est-ce que cela développe chez celui-ci ?».
Au sein des foyers qui accueillent de jeunes enfants, la thématique est également présente dans les activités quotidiennes: «Nous essayons d’être justes en équilibrant les temps d’écran avec d’autres activités, comme les jeux de société et les sorties en extérieur, pour encourager les interactions sociales saines et diversifiées».
Aborder leur monde pour mieux comprendre les jeunes
«Nous adoptons une approche ouverte face aux nouvelles technologies. Au lieu de lutter contre les nouveaux moyens de communication qu’utilisent les enfants, nous tentons d’aborder leurs mondes afin de mieux les comprendre et rester dans un dialogue constructif. La prévention amène plus de résultats que les sanctions. La collaboration avec l’école et les parents est primordiale, car tout ce qu’il se passe sur les réseaux impacte la vie de tous les jours, peu importe le lieu de séjour».
La gestion des comportements de repli nécessite une approche multidimensionnelle, incluant la prévention, l’éducation, le dialogue et la collaboration avec les parents et les professionnel·le·s de la santé. Chaque professionnel·le adapte ses stratégies en fonction des parcours de vie et des besoins spécifiques de chacun·e des bénéficiaires.