Sur le terrain
Partie 5

C’est sur recommandation du Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA) du CHUV que cette maman, seule avec ses deux enfants, a contacté Histoire de PARENTS au début de l’année 2024. C’est pour son plus jeune fils, âgé de 6 ans, qu’elle a demandé de l’aide. Très inquiète, elle décrivait un quotidien devenu difficile : son fils refusait de manger certains aliments, ne voulait plus se laver, surtout pas les cheveux, et ne parvenait plus à aller à l’école. Les signes d’une phobie scolaire s’installaient, accompagnés de crises émotionnelles de plus en plus intenses.

Le cadre de la prestation Histoire de PARENTS lui a permis de ne pas rester seule face à ces défis. Dès les premiers entretiens avec la maman, l’objectif a été de l’aider à reprendre sa place de parent : poser des limites, enrichir l’alimentation de son fils, soutenir son autonomie et surtout, l’accompagner dans la gestion de ses émotions et de celles de son enfant.

L’enseignante du Cours Intensif de Français (CIF) de son fils s’est engagée de manière remarquable, en assurant tout au long de l’accompagnement un rôle d’interprète précieux et un soutien déterminant, qui ont grandement facilité la communication et renforcé l’efficacité du suivi.

Dès les premiers entretiens, un climat de confiance s’est installé, permettant à la maman de poser ses préoccupations et de définir, avec l’intervenante, les grandes lignes de l’accompagnement. Ensemble, elles ont identifié les priorités : mieux comprendre et accompagner les émotions de son enfant, apprendre à gérer les crises sans s’épuiser, et retrouver un équilibre au quotidien. Il s’agissait aussi d’encourager l’autonomie de son fils dans les gestes simples de la vie – manger, se laver, s’habiller – tout en instaurant un cadre éducatif à la fois clair et rassurant. L’objectif final restait le même : soutenir le développement et le bien-être de l’enfant, dans une dynamique familiale plus apaisée.

Puis, sept entretiens d’accompagnement se sont déroulés sur une période de quatre mois. À chaque rencontre, des outils concrets étaient proposés. Des ateliers thématiques ont été spécialement conçus pour elle, autour du stress, des émotions, de l’autorité et des relations familiales. Ces apports théoriques lui ont fourni de véritables repères, l’aidant à expérimenter de nouvelles manières de faire.

Progressivement, les crises sont devenues moins nombreuses, moins longues, moins intenses. Elle a appris à différer la résolution d’un conflit, à prendre du recul, à accueillir ses propres émotions sans culpabilité. Elle s’est également autorisée à prendre du temps pour elle, un changement essentiel.

Soutenue dans sa démarche, elle a aussi pu reconnaître les limites de son rôle et demander un suivi thérapeutique spécifique pour son fils. A la fin de l’accompagnement elle aura un rendez-vous au Centre d’intervention thérapeutique pour enfants (CITE) du CHUV afin que son fils soit accompagné au mieux dans l’intensité de ses émotions.

Aujourd’hui, cette maman se sent outillée et apaisée. La pression a nettement diminué. Elle sait qu’elle ne peut pas tout maîtriser, mais elle a retrouvé une forme de confiance en elle et en ses capacités éducatives. Grâce à Histoire de PARENTS, elle poursuit désormais son chemin avec des outils durables et l’assurance qu’elle n’est plus seule.

La parentalité, c’est toute une histoire

Tiberio Mocellin, intervenant au sein de la prestation Histoires de PARENTS, se souvient avec émotion des tout premiers groupes de parole qu’il a animés. Pour lui, chaque parent est un univers à part entière, chaque rencontre est singulière. Mais une chose les relie tous : le besoin profond d’être écoutés, sans jugement.

Dans ces groupes, Tiberio et l’équipe d’Histoire de PARENTS ne proposent pas de recettes miracles. Il préfère poser des questions, écouter avec attention, ouvrir des pistes de réflexion et partager des outils concrets. Ce qu’il observe souvent avec émerveillement, c’est la richesse qui naît du collectif : ce que les parents s’apportent mutuellement, parfois sans même en avoir conscience.

Il insiste sur une idée simple mais essentielle : accompagner les parents là où ils en sont, sans chercher à les transformer. Il s’agit avant tout de les aider à se reconnecter à leurs propres forces, à leurs propres compétences parentales. Ce n’est pas un enseignement, dit-il, c’est un accompagnement.

Ce qu’il cherche à créer, c’est un espace où les parents peuvent souffler, prendre du recul, expérimenter. Un espace bienveillant, où les petites réussites ont toute leur place. Comme ce moment de calme en fin de journée, un câlin venu spontanément, un repas sans cris. De l’extérieur, ces instants peuvent sembler anodins, mais pour Tiberio, ce sont là les véritables marqueurs du changement. C’est dans ces moments discrets, presque invisibles, que l’impact d’Histoires de PARENTS se révèle pleinement : quand un parent retrouve de la sérénité, de la confiance et beaucoup d’amour, pour lui-même et pour ses enfants.