Hors cadre, au plus près de soi
Lancement de la prestation S.A.P.
En 2024, la prestation Séjours Alternatifs au Placement (S.A.P.) a vu le jour, marquant un tournant important dans l’accompagnement des jeunes en foyer de la Politique Socio-Éducative (PSE) du canton de Vaud. Ce projet innovant, né de longues réflexions et discussions au sein de l’équipe, est officiellement validé le 5 août 2024 après des mois de travail collectif et de séances en pleine nature.
Les premiers séjours et moments mémorables
La prestation S.A.P. co-pilotée par la Maison des Jeunes et la Fondation Jeunesse et Familles, accueille des jeunes de 14 à 18 ans placés dans des foyers PSE du canton de Vaud, confrontés à des situations complexes. L’objectif est de leur offrir un moment hors de leur quotidien, de prendre du recul sur leurs problématiques, tout en vivant une expérience, souvent en pleine nature, pour amorcer un changement durable.
Les premiers séjours ont donné lieu à des moments marquants :
- Lors du tout premier séjour, un jeune, a fugué dès le deuxième jour pour retourner au foyer. Cet incident a été un point d’apprentissage important pour l’équipe, mais aussi pour le jeune qui a pris conscience de ses propres réactions.
- Un jeune en surpoids et souffrant de troubles divers a eu l’opportunité de vivre une expérience de bivouac en pleine forêt. Lors d’une sortie en montagne, il n’a pas réussi à attraper de poisson, mais a expliqué par la suite que l’essentiel, pour lui, n’était pas la pêche, mais l’expérience vécue. Ce séjour, salué par l’ensemble de son entourage, a représenté un véritable exploit personnel et a contribué à renforcer son estime de soi.
- Lors d’un séjour dans une cabane en haute montagne, une jeune fille souffrant de phobie sociale a été confrontée à ses peurs en restant avec un petit groupe d’autres jeunes, ce qui a marqué un tournant dans sa confiance en elle. Après de longues hésitations, elle a réussi à vaincre sa peur et a choisi de passer la nuit dans la cabane, et cette expérience est restée un souvenir marquant, renforçant sa capacité à faire face à des situations inconfortables.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans l’étroite collaboration des foyers PSE. Les premières présentations, les admissions, ainsi que les bilans après chaque séjour ont été des moments clés pour ajuster l’accompagnement de chaque jeune, et assurer le suivi nécessaire. Le travail avec les éducatrices, les éducateurs et les adolescent·e·s est essentiel pour que les jeunes bénéficient pleinement de cette expérience et que les transformations amorcées pendant les séjours se poursuivent au retour. Comme le dit si bien l’équipe : « Sur les braises du changement, c’est le souffle des jeunes et de leur foyer qui permet à la flamme de briller ». La prestation S.A.P. n’est qu’un passage ; c’est le jeune et son réseau qui en assurent la continuité.
Témoignage de Johann Tellay, responsable d’unité des Séjours alternatifs au placement.

« Mon objectif au quotidien est de favoriser la transformation et l’épanouissement des jeunes que j’accompagne. Ce qui me motive, c’est de voir chaque jeune se réconcilier avec lui-même et son environnement. Le processus de soutien est unique pour chacun, et chaque petit progrès me rappelle pourquoi je fais ce métier ».
« Le lien de confiance se construit d’abord par l’écoute et la compréhension des besoins spécifiques de chaque jeune. Je crois beaucoup dans l’importance de la nature dans notre approche, car cela permet de créer un environnement rassurant et ouvert. C’est en étant là, présent dans les moments clés, et en valorisant les petites victoires de chaque jeune, que le lien de confiance se tisse ».
« L’un des moments marquants d’un séjour a été d’accompagner un jeune en montagne. Ce jeune souffrait d’isolement social et d’une faible estime de lui-même. Au départ, il avait du mal à imaginer qu’il serait capable de marcher jusqu’à un lac d’altitude, mais petit à petit, il a commencé à croire en lui. Ce fut un exploit personnel et une véritable victoire pour lui. À son retour, le foyer m’a confié que ce séjour avait renforcé son rapport à lui-même et aux autres ».
Découvrez l’impact de cette prestation en vidéo
DIOP: retrouver un cap
Témoignage de Clyves Tavazzi – éducateur au DIOP

Quand il repense à certaines rencontres marquantes de son métier, Clyves Tavazzi, intervenant au Dispositif d’intervention et d’observation pluridisciplinaire (DIOP), a immédiatement des visages en tête.
Le premier souvenir concerne deux jeunes qui ont été placés en foyer. « Ils étaient méfiants, fermés à tout lien », se souvient Clyves. « Notre rôle était de rester un soutien neutre : un espace où ils pouvaient se défouler, exprimer leurs peurs sans se sentir jugés, mais aussi un appui pour le foyer ». Cette posture d’allié, ni juge ni partie, a permis de créer des ponts entre les jeunes et les équipes éducatives. Peu à peu, la confiance s’est installée.
Et puis il y a cette deuxième histoire, la plus marquante, celle d’un jeune dont le regard s’est transformé au fil des mois. « Au début du suivi il était à la rue. Il était extrêmement méfiant, souvent agressif. On a mis beaucoup de patience, de constance et de non-jugement dans la relation. Petit à petit, il a accepté l’idée d’un placement, puis s’est investi dans un apprentissage à l’Organisation romande d’intégration et de formation professionnelle (ORIF). Aujourd’hui, il a 20 ans, il a retrouvé un lien avec sa famille et part même passer ses vacances avec elle. Il nous a envoyé une invitation pour fêter ses 20 ans. Quand je le vois, je me dis que tout le chemin parcouru en valait la peine ».
Pour Clyves, ces parcours illustrent la philosophie du DIOP : avancer pas à pas, au rythme des jeunes, sans jamais imposer. « Ces réussites ne sont pas le fruit d’une seule personne, les situations sont pensées en équipe et nous soignons la collaboration d’un réseau afin qu’il soit le plus solide autour d’eux. C’est un travail collectif et profondément humain ».
Pour Clyves Tavazzi, le cœur de son métier est clair : aller à la rencontre de jeunes qui, souvent, ne veulent plus de liens. « Ce sont des adolescents qui ont vécu beaucoup d’échecs et qui se sentent rejetés par la société, » explique-t-il. « Ce qui me motive, c’est de leur redonner confiance, de les reconnecter à leurs besoins primaires et à leur dignité ».
Au DIOP, tout commence par une posture de non-jugement. Chaque jeune avance à son rythme et Clyves, comme ses collègues, s’adapte. « Nous devons être constants, fiables. Les jeunes savent que, quoi qu’il arrive, nous serons là. Cela prend du temps, mais c’est ainsi que naît la confiance ».
Il repense à ce jeune, particulièrement fermé et sur la défensive au début. « La relation était très dure, » se souvient-il. « Mais nous avons tenu bon : patience, régularité, absence de jugement. Petit à petit, il a accepté un placement, s’est engagé dans un apprentissage et a fini par renouer avec sa famille. Voir un jeune se reconstruire ainsi, c’est tout le sens de mon travail ».
Ce travail ne se fait jamais seul. Le DIOP est au cœur d’un réseau : foyers, institutions médicales et psychiatriques, AI, insertion professionnelle, DGEJ, réseau adulte… Autant de partenaires qui permettent d’ouvrir des portes. « Ces relations privilégiées rendent accessibles des prestations que les jeunes n’auraient parfois jamais connues. Ils savent qu’un éducateur du DIOP sera toujours là, coûte que coûte. Cette constance est essentielle ».
Zoom
23
fins de suivis DIOP
5 + 1
5 éducateurs et 1 responsable d’unité mobilisés pour accompagner les jeunes de façon personnalisée

25% de filles
–
75% de garçons
14-18 ans
âge des jeunes accompagnés
9 mois
durée prévue de suivi, avec possibilité de prolongation
