Organiser des journées d’équipes pour renforcer les prestations

Dans une fondation comme la nôtre, le bien-être de nos équipes est primordial puisqu’il se répercute directement sur nos bénéficiaires. Chaque année, des journées d’équipes sont organisées pour permettre aux groupes de s’arrêter, de faire un point.

Ces heures extraites du quotidien encouragent la collaboration, renforcent la confiance mutuelle et favorisent une meilleure compréhension des différentes visions et préférences de chacun·e. Les sources de conflits potentielles sont alors anticipées et discutées de manière constructive.

Ces journées d’équipes améliorent la motivation et la satisfaction au travail. Les collaboratrices et collaborateurs se sentent écouté·e·s et valorisé·e·s, ce qui contribue à réduire le stress et à améliorer l’état de santé mentale et physique. Elles sont un complément nécessaire aux séances collectives hebdomadaires qui servent, elles, à traiter le tout-venant et à informer les équipes, sans possibilité de prise de recul.

À la Fondation Jeunesse & Familles, les journées d’équipes prennent des formes différentes en fonction des prestations.

Consolider l’organisation interne

Les actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) proposent un soutien aux familles pour les autonomiser lorsqu’elles sont confrontées à des difficultés éducatives, personnelles ou scolaires. Comme les intervenant·e·s travaillent sur le terrain, chacun·e de son côté, les équipes se rencontrent une fois par semaine pour des séances d’intervision, de soutiens cliniques ou pour régler les affaires courantes. Une fois par année, une journée destinée à l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs, comprenant le personnel administratif, est organisée. Il s’agit souvent de travailler sur la culture commune, même si les thématiques abordées relèvent du choix de chaque structure.

Ainsi, en 2022, l’AEMO Centre s’est penchée sur l’accueil des stagiaires. Le groupe a redéfini ensemble l’encadrement à leur offrir, les objectifs d’apprentissage et la distribution des rôles de chacun·e.  Durant l’année écoulée, il a souvent été fait référence à ce qui a été décidé durant cette journée.  

À l’AEMO d’Yverdon, le responsable d’unité a préparé seul l’ordre du jour. Comme il a remplacé au pied levé la précédente personne en charge, il lui a paru nécessaire de revenir sur l’organisation complète de l’équipe. Toutes et tous ont pu partager leur perception de l’activité, des limites des interventions ou des éléments en lien avec la prestation. Ces discussions profondes autour des pratiques ont permis de clarifier les processus et d’expulser les possibles tensions liées à des divergences de vues. Le groupe a redéfini les bases communes qui ont facilité les échanges et relancé une dynamique très positive.  

Du côté de l’AEMO Est, la journée d’équipe a eu lieu sous le regard attentif d’un superviseur. Celui-ci a été chargé de conceptualiser le changement qui devait intervenir à la suite du départ du précédent responsable, resté vingt ans à son poste. Il a fallu créer un espace de parole sécurisé pour que le groupe puisse déposer ses attentes et ses craintes relatives à cette passation de pouvoir. Chacun·e a pu expliquer ses sentiments et ses espoirs. Toutes les informations récoltées ont été ensuite analysées pour comprendre au mieux ce qui était important pour les collaboratrices et collaborateurs et cibler leurs désirs. En partant de leurs besoins et de ceux de la nouvelle responsable, il a été possible de développer les actions de l’année 2023. En précisant les rôles et en aménageant des espaces de discussions personnelles, cela a offert une bulle d’air à l’équipe et renforcé sa cohésion.      

La présence du superviseur, un tiers neutre, a vraiment permis de clore le chapitre précédent et d’en ouvrir un nouveau.

Déguisé·e·s pour jouer sur scène

Cette recherche de cohésion, de renforcement des liens prend d’autres formes. En 2022, l’équipe de Protée a suivi une introduction en quatre séances à la dramathérapie. Cette prestation, encouragée par la Chaîne du Bonheur, propose des activités physiques et mentales : arts martiaux et communication, théâtre dramatique ainsi que des ateliers de soutien et de développement aux mineur·e·s.

Dix collaboratrices et collaborateurs de Protée sont monté·e·s sur scène, se sont déguisé·e·s et ont interprété des saynètes.

La dramathérapie est une forme d’art-thérapie qui recourt au jeu scénique et aux techniques projectives comme média. Elle dépasse le verbal par l’utilisation du corps. Les exercices de conscience corporelle auxquels s’est prêtée l’équipe, avec beaucoup d’enthousiasme et d’amusement, l’a sortie de l’analyse purement cérébrale. Ce sont toutes et tous des spécialistes de l’explication par les mots ; l’usage du corps permet d’entrer dans une autre dimension, dans un monde plus imaginaire qui surclasse le mental.

La dramathérapie a approfondi les liens entre les apprenties actrices et apprentis acteurs. En libérant leurs univers intérieurs, en laissant libre cours à leur créativité, en osant certains comportements sur scène, les membres de l’équipe ont dépassé leur honte tout en faisant émerger des ressources insoupçonnées. Cela a boosté leur confiance.

Certaines collaboratrices et certains collaborateurs, qui ne semblaient pas voir de sens dans cette démarche, ont confirmé qu’il y avait eu un avant et un après. La pratique de ces personnes, qui doivent travailler sous le regard des parents et de leurs collègues, s’est considérablement améliorée.

Des journées pour renforcer les prestations

Les journées d’équipes peuvent également porter sur des sujets de travail ou qui concernent le cœur de la prestation. C’est pourquoi Histoire de PARENTS, qui propose un soutien aux parents dans l’éducation de leur enfant, s’est penchée sur les pères et mères allophones. Les discussions ont permis d’affiner les dispositifs afin d’améliorer encore plus la relation des intervenant·e·s avec les parents non francophones. Histoire de PARENTS a aussi organisé une journée au vert, de façon autogérée, pour vivre un moment plus informel et renforcer les liens amicaux.

Les équipes des trois foyers d’adolescent·e·s, L’Aube-Claire, Pôle Nord et Bellevue, se retrouvent une fois par année pour traiter un thème commun à la prise en charge de jeunes de 14 à 18 ans. L’an passé, la transition de genre a été abordée avec la venue de l’association Agnodice. Cela a permis d’interroger les conditions d’accueil des ados qui ne se reconnaissent plus dans leur genre et veulent en changer. Cette question est explorée plus profondément dans un autre chapitre de ce rapport annuel.

Cette journée a également favorisé les rencontres entre éducatrices et éducateurs, facilitant les futures collaborations.

Pour les plus petit·e·s, le foyer de Lully, qui reçoit neuf enfants de 0 à 6 ans, s’est initié à la pédagogie Pikler. Cette approche, imaginée par la pédiatre hongroise Emmi Pikler au XXe siècle, met l’accent sur le respect de l’enfant en tant qu’individu indépendant. Elle favorise la liberté de mouvement, le jeu spontané, les soins bienveillants, l’autonomie et les interactions sociales tout en soutenant le développement global de l’enfant et la relation de confiance entre l’enfant et l’adulte. Les éducatrices et éducateurs se sont inspiré·e·s de ce qui fonctionnait pour adapter cette approche à leur pratique.  

Cette introduction a permis de faire naître une vision commune, notamment autour du rythme de l’enfant. En ayant appris ensemble, tout le monde a partagé les mêmes références, améliorant ainsi la cohésion générale. D’autres modules de la formation portant sur les aspects du travail et l’autonomie de l’enfant se dérouleront au cours des prochaines années.

Ces journées d’équipes relèvent d’une importance capitale pour les collaboratrices et collaborateurs de notre fondation. Elles renforcent l’homogénéité, l’efficacité et la communication. En resserrant leurs liens en dehors du lieu de travail habituel, elles stimulent également la créativité et l’innovation, ce qui est toujours bénéfique pour résoudre les problèmes et atteindre les objectifs du groupe ainsi que les missions de notre Fondation Jeunesse & Familles.    

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